Je suis lessivée, j'ai l'impression d'avoir des acouphènes et une fanfare nichée dans ma tête. Non, je n'ai pas participé à un trek au Maroc mais j'ai accompagné mes enfants à une sortie scolaire. Sur le papier c'était sympa, les enfants allaient visiter une ferme. Allez hop c'est parti. Premier obstacle, la ferme est nichée en montagne et pour y arriver, il y a pas mal de virages. Bon il faut changer des enfants de place parce que le benco ne passe pas pour certains. Le petit Alexis blanc comme un linge menace à tout moment de tapisser le bus. Ouf on arrive. Le fermier très jeune et très sympa nous accompagne et nous fait le tour de la ferme. On va passer dans le champ des vaches donc on va essayer de pas trop crier les enfants et regardez où vous mettez les pieds. Trop tard, Marine vient de marcher dans une bouse et fond en larmes. Allez c'est pas grave.
Le gentil fermier répond aux questions des enfants. Question de Thomas : "J'ai faim, on mange quand ?"
On rend visite aux cochons qui se précipitent sur les barrières en pensant qu'on leur ramène de la nourriture. Les petits sont surexcités et Kylian était en train d'escalader la barrière quand le père du fermier est arrivé. Et là, c'est la rencontre avec un phénomène. Les filles ont sorti des mouchoirs pour se protéger le nez des odeurs, et Jean-Marc le fermier père les chambre. Jean-Marc a l'air d'être tout content qu'on s'intéresse à sa ferme (c'est la première fois qu'ils ont une visite scolaire) et à partir de là plus rien ne va l'arrêter le Jean-Marc. Son fils part finir son travail. Question de Melissa : "Monsieur qu'est ce que vous en faites les cochons, vous les vendez ?" Jean-Marc :"Ben , ma petite là, les plus gros on va encore les garder un mois et 1/2 puis ils vont être tués pour la viande." Melissa et les autres filles : "Behhhh" Jean-Marc : "Ben oui, c'est votre jambon, il arrive pas tout seul dans l'assiette". Ma fille : "Je veux plus manger de jambon, ils sont trop mignons."
Merci Jean-Marc. Le Jean-Marc leur explique aussi que les cochons sont carnivores et que si on jette le cadavre d'un homme dans leur enclos, il est dévoré et en une dizaine de minutes, il ne reste plus que les os. Les garçons en restent coi et arrête une seconde de se demander quand on va manger. Et nous, les adultes, on a envie de pouffer nerveusement.
On arrive aux lapins. Sincèrement je n'en ai jamais des aussi gros. Jean-Marc en sort un qui a l'habitude de rester en liberté et est quasiment domestiqué. Tous les enfants se précipitent autour du gros lapin qui va sûrement ressortir dépressif de cette expérience. Et vas-y que je te caresse, que j'essaie de te porter. La petite Sarah : celui-là il va pas être mangé ? Jean-Marc : Eh, mais pourquoi pas ma petite. Ils vont tous être tués. Gros yeux de toutes les petites filles, grandes bouches ouvertes pour tous les garçons.
Jean-Marc fait le tour des clapiers et leur montre des petits lapereaux. Les filles : ohhhh, ils sont trop choux, moi j'aimerais celui-là, moi celui là bla-bla-bla. On peut les caresser ?? Jean-Marc : non, ils sont trop peureux et risquent de s'échapper. Yeux implorants des petites filles. Jean-Marc ouvre les clapiers des petits. Bref, Jean-Marc n'a aucune autorité. Ohhhhhh, ils sont trop trop mignons. Pendant que les filles s'extasient et veulent toutes avoir un lapin, les garçons prennent la poudre d'escampette et font un tour vers les oies qui commencent à s'affoler et à leur cracher dessus. Ils sont évidemment morts de rire et sûrement de peur aussi. La maîtresse essaie de les canaliser. Jean-Marc est parti chercher quelque chose et arrive...avec les maîtresses on plisse les yeux pour voir ce que ça peut bien-être... ben c'est des cornes de cerfs et des animaux empaillés... Un écureuil, un marcassin, une martre... Youpi quoi. Les enfants s'approchent et sont interloqués. Le Jean-Marc leur explique que ce sont des vrais animaux, du coup tous les enfants les caressent ??? mais ils sont morts. Ah. On se regarde avec les deux maîtresses et une autre maman accompagnatrice et on a toutes envie de rigoler. Parce que ce Jean-Marc c'est quelque chose. On part à l'étable des vaches où il y a un petit veau qui est né la veille. Les enfants demandent pourquoi certaines sont séparées par des barrières. Jean-Marc : "Ben, c'est pas pour qu'elles se tuent entre elles. Il y a des vaches dominatrices qui peuvent tuer les plus faibles... C'est pour ça qu'on leur enlève les cornes, sinon c'est une vraie boucherie. Elles peuvent se faire de grosses blessures !" Question de Matteo : "Et vous elle vous font mal ?" Le Jean-Marc : "Noooon, si elle font mal, c'est pas qu'elles sont méchantes, c'est qu'elles sentent pas leur force. Il ajoute que son cousin a du se refaire recoudre les fesses, parce qu'une vache qui voulait jouer était venue par derrière. Eclat de rire des petits. Il a eu de la chance, il aurait pu être touché aux coucougnettes. Ah, Ah, Ah !!!" Le Jean-Marc quand il rigole, il vire au violet.
Les garçons font le tour de l'étable, et Antoine, Matteo, Kylian, Lucas et Leo se retrouvent à grimper sur des meules de foin et risquent de se briser quelque chose d'un moment à l'autre. Les autres sont autour d'un seau et se demandent ce que c'est. Jean-Marc expliquent que c'est justement les cornes qui ont été enlevées des vaches. "Ca fait mal Jean-Marc ?" "Oh oui, ben c'est sensible, c'est comme de la moelle c'est pour ça qu'on préfère leur brûler quand elles ont quelques mois."
"On peut les prendre ?" "Mais oui gamin. Prenez-les donc !!!" Les enfants commencent à faire les guignols avec les cornes dont certaines ont encore des traces de sang séché. C'est les parents qui vont être contents.
Le Jean-Marc est lancé dans ses anecdotes. Sur le ton de la confidence, ils demandent aux enfants : "Vous savez ce que j'ai vu en plein jour dans l'étable des vaches ?" "Nooooon" répondent les petits en cœur. "Un renard !!! continue Jean-Marc.
Toutes les quatre, on se demande comment cette histoire de Jean-Marc va bien nous mener?? Des poules éventrées ? Une vache blessée ?
Jean-Marc poursuit : "Il n'a pas eu le temps de s'échapper quand j'ai brandi la fourche et que je l'ai transpercé de part en part !! J'ai pris la fourche pour l'emmener plus loin et dites, le cœur du renard il battait encore !!!" Plus personne ne dit un mot et dans les yeux des maîtresses, je peux lire deux mots : Au et Secours.
Certaines filles viennent nous voir parce qu'elles ont une envie pressante. "Ben allez derrière les arbres, un peu plus loin" leur conseille la maîtresse. "Faites gaffe aux loups" rajoute le Jean-Marc. "Ben y'en a pas en Alsace" rétorque Salomé. "Je t'en donnerais, y'en a pas, juste derrière la colline, là-bas c'est les Vosges tu vois, et un berger que je connais a retrouvé des brebis en sang déchiquetées par un ou plusieurs loups. C'était pas joli à voir". Du coup, les filles ont changé de couleur et sont terrifiées à l'idée de faire leur pipi. La pauvre petite Sarah a envie de fondre en larmes. Je les accompagne, mais même moi j'ai peur maintenant. Il a un côté très rassurant le Jean-Marc !
Après avoir fait encore un tour de la ferme du Jean-Marc, c'est la fin de la visite et l'heure du pique-nique avant le retour à l'école. Mais le Jean-Marc a envie de causer et reste avec nous pendant le déjeuner. D'un coup il se lève et part, revient avec deux œufs de poules et dit aux maîtresses qu'il va montrer aux enfants comment les martres procèdent pour manger les œufs. Elles répondent : euh, d'accord. On se demandent ce qu'il veut faire exactement ???
Les enfants qui ont fini leurs sandwichs et qui ont le bidon plein de chips et autres cochonneries s'approchent et se mettent en cercle autour du Jean-Marc. "Alors les enfants vous voyez, les martres quand elles viennent voler les œufs des poules, elles cassent le haut des œufs avec leurs dents" Là pour illustrer ces propos, il casse le haut d'un œuf avec une fourchette, "Elles prennent l'œuf entre leurs deux petites pattes et gobe l'œuf d'un coup" Et là le Jean-Marc il gobe l'œuf avec un gros bruit de succion !!! Bon appétit. Il recommence avec le deuxième œuf, casse le haut, commence à gober et demande qui veut terminer. Alexis s'approche. Les maîtresses n'ont pas le temps de dire "Nooon, pas lui il est malade en...bus", que le petit tout fier gobe rapidement l'œuf sous les applaudissements de tous ses camarades. Le Jean-Marc nous confie qu'à la dernière fête de village, il en a gobé 12. Son record. Euh... Bravo Jean-Marc. Tiens, la maîtresse connaît une fille du coin qui était en fac avec elle et qui est devenue instit aussi. Le Jean-Marc lui annonce qu'elle habite à l'entrée du village, une belle maison. Mais que son mari s'est pendu. Ahhh. Mais il s'est loupé. Ahhh. Bon ben voilà, le Jean-Marc il a aussi des histoires qui se terminent bien !
Il est temps de rentrer et de monter dans le bus. "Alexis ! appelle la maîtresse, tu vas devant et tiens ce sachet dans les mains au cas où." Dans le bus, les enfants contents de leur visite, chantent à tue-tête, Matteo s'empiffre de bonbons, Lisa et Sarah écoutent de la musique, et Alexis a pondu une belle omelette ! A l'année prochaine les enfants !!
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